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L’arme de la ‘guerre assymétrique’

Olavo de Carvalho
Folha de S.Paulo, 6 de outubro 2004

Cet article a été publié originalement en anglais le 17 mai 2004 sur FrontPageMag.
Traduction française par Menahen Macina, mis en ligne le 09 août 2004 sur le site http://www.upjf.org.

Depuis la guerre d’Algérie (1954-1962), l’idée d’une “guerre asymétrique” est devenue le principe de base de la stratégie anti-Occident. Inspiré de la “guerre indirecte”, de Sun-Tzu – dont L’art de la guerre était déjà diffusé en éditions officielles en URSS et chez ses satellites, dans les années 50 -, ce concept est essentiellement celui d’un combat dans lequel l’un des protagonistes n’accepte aucune forme d’entrave à ses actions. Il entend faire ce qui lui plaît et se prévaut cependant, comme d’une arme, des engagements moraux, légaux et sociaux qui lient les mains de son adversaire. C’est l’expression militaire de l’adage, formulé en 1792 par Collot d’Herbois, délégué à la Convention française:

“Tout est permis à ceux qui agissent en faveur de la révolution.”

Un analyste stratégique, le commandant canadien de marine, Hugues Letourneau, remarque que le FLN (Front National de Libération de l’Algérie) avait régulièrement recours aux :

“grèves, embuscades, terrorisme contre sa propre population et contre d’autres organisations algériennes de libération, assassinat, torture, mutilation, extorsion de grosses sommes d’argent de la population civile, sabotage industriel et agricole, destruction de biens publics, intimidation et exécution de collaborateurs présumés, campagnes de désinformation, etc.”

Dans le même temps, le plus infime acte illégal de la part des forces d’occupation était exploité par des militants intellectuels de Paris, pour exercer un chantage moral conçu de telle sorte qu’il condamnait le gouvernement français à la paralysie, par crainte d’un scandale.

Pour réaliser son objectif, l’asymétrie doit s’imprimer profondément dans les habitudes de jugement des gens, afin que l’opinion publique ne détecte pas l’immoralité intrinsèque des exigences, prétendument morales, qu’elle impose à l’un des protagonistes, tout en accordant à l’autre le bénéfice d’un silence indifférent ou complice. On peut prendre pour exemple l’inégalité de traitement de l’occupation de l’Irak par rapport à celle du Tibet, calculée de manière à faire pénétrer dans l’esprit du public l’impression qu’une opération militaire provisoire – conçue, comme aucune autre ne l’a été dans l’histoire, pour éviter de causer des dommages à la population civile – est un crime plus grave que l’occupation préméditée et permanente, et la destruction d’une culture plus que millénaire, ainsi que le génocide permanent d’un peuple, qui a déjà fait un million de victimes. L’asymétrie, dans ce cas, est devenue chose si normale et contraignante, que le seul fait de suggérer une comparaison entre le comportement américain et celui des Chinois semble déjà non seulement anhistorique, mais également de mauvais goût et suspect d’être lié à “d’obscurs intérêts”, invariablement “financés par Wall Street” (le présent article ressortissant évidemment à cette catégorie !). De même, une demi-douzaine d’abus sanglants commis par des soldats américains en Irak – chose inévitable dans toute guerre, malgré un strict contrôle des troupes – sont présentés, dans les médias, comme des actes d’une cruauté plus honteuse que la pratique courante de la torture et de l’assassinat politique en temps de paix, qui est chose commune dans les pays communistes et islamiques, sans parler de la persécution religieuse (jamais mentionnée au Brésil), qui a déjà tué plus de deux millions de chrétiens, au cours des dernières décennies.

La guerre asymétrique est plus facile à mener pour des organisations révolutionnaires, qui ne sont pas soumises aux mêmes normes que les Etats constitués [à cause de l’inconsistance de la social-démocratie]. Mais il arrive que certains Etats utilisent la même stratégie. Le livre récent de deux colonels chinois, The War beyond the Rules” [“La guerre qui outrepasse les règles”], publié en 1999, montre que le gouvernement chinois est profondément impliqué dans la guerre asymétrique contre l’Amérique. Et cette guerre ne serait pas asymétrique si, dès que son concept est tombé dans le domaine public, l’accusation d’être responsable d’un recours massif à ses techniques redoutables, n’avait été formulée à l’encontre de sa victime principale. Quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, l’hebdomadaire français Le Monde Diplomatique, avec une hypocrisie non déguisée, parlait de “la stratégie américaine officielle de la guerre asymétrique”. Il n’expliquait évidemment pas comment les Etats-Unis pourraient se lancer dans une guerre asymétrique tout en étant, en même temps, le pays le plus exposé du monde au jugement de l’opinion publique, et qui ne peut compter sur un réseau organisé de défenseurs – dans les médias internationaux, ou même américains – comme celui dont disposent les mouvements de gauche, qui sont aujourd’hui capables d’imposer, en quelques heures, à toute la population de la planète, leur version des événements, créant, de ce fait, une sorte de convergence spontanée.

“La force du terrorisme, ce sont les médias”, affirme Jacques Baud, auteur de La Guerre asymétrique, ou la défaite du vainqueur, Paris, 2003.

Toute l’opération acquiert bien plus d’efficacité quand elle est effectuée sur un terrain qui a été au préalable préparé par l'”occupation des espaces”, prêchée par Antonio Gramsci. En bloquant quelques sources d’information et en en choisissant d’autres, [cette occupation des espaces] prédispose le public à accepter comme normale et innocente la manipulation idéologique la plus mensongère dans les reportages.

Au Brésil, par exemple, l’accès à l’opinion des conservateurs américains a été banni. Leurs livres – des milliers de titres, dont bon nombre sont des classiques de la pensée politique – ne sont jamais traduits, et on ne peut les trouver dans aucune bibliothèque universitaire. Leurs idées ne sont portées à la connaissance du public que de manière déformée et caricaturale, dans la version communiste officielle réalisée en 1971 par l’historien soviétique V. Nikitin, dans le livre intitulé “Les Ultras aux Etats-Unis”. Cette caricature est encore transmise docilement, de génération en génération jusqu’à aujourd’hui, dans les écoles et les journaux, par un groupe de militants experts en hypocrisie et par une multitude d'”idiots utiles” qui n’ont pas la moindre idée de l’origine de leurs opinions.

Comment quelqu’un qui est élevé dans cet environnement peut-il se douter qu’il y ait quoi que ce soit à redire aux attaques des médias, qui font de George W. Bush une espèce de Staline de droite ?

Briser ce blocus est un défi qui ne peut être relevé seulement par des individus travaillant dur et instruits, au prix de travaux de recherches qui sont hors de portée du citoyen moyen. Outre que la voix de ces individus semble ridiculement inaudible quand ils essayent d’avertir la population de la réalité effrayante suivante: depuis l’avènement de la stratégie asymétrique, la désinformation – au sens technique et littéral du terme – la désinformation comme arme de guerre, est devenue l’occupation la plus constante et la plus régulière des grands médias, au point de supplanter presque entièrement la tâche qui était celle du journalisme.

Le danger auquel la population est exposée, de ce fait, est évidemment monstrueux. Il ne diminuera pas tant que la société civile ne s’emploiera pas à exercer une “surveillance extérieure” des médias, assignant en justice tous ceux qui refusent de transmettre, de manière fiable et quantitativement équilibrée, l’information et les opinions provenant de sources divergentes.

Olavo de Carvalho *

© FrontPageMagazine.com pour l’original anglais, et upjf.org pour la version française

* Auteur et philosophe brésilien, né en 1947, Olavo de Carvalho est l’auteur, entre autres, de Os Gêneros Literários: Seus Fundamentos Metafísicos (“Les genres littéraire et leurs fondements métaphysiques”, 1996) ; Aristóteles em Nova Perspectiva (“Aristote dans une nouvelle perspective”, 1997), O Jardim das Aflições: Ensaio sobre o Materialismo e a Religião Civil (“Le jardin des afflictions : Essai sur le matérialisme et la religion laïque”, 1998), O Futuro do Pensamento Brasileiro(“L’avenir de la pensée brésilienne”, 1998), O Imbecil Coletivo, I et II (“L’imbécile collectif”, I et II). Il est actuellement en charge du Séminaire de Philosophie au Centre Universitaire de la ville de Rio De Janeiro. Il est également chroniqueur pour les journaux O Globo (Rio De Janeiro), Jornal da Tarde (São Paulo), Folha de São Paulo (São Paulo), et Zero Hora (Porto Alegre).

Israël aux yeux d’un chrétien

Olavo de Carvalho
Visão Judaica, août 2004

Traduction française du portugais: Claude Detienne pour upjf.org

Quand le Tout-Puissant concéda à Israël le privilège d’être, parmi tous, le peuple porteur du message divin, Il ne le fit pas à titre partiel et provisoire, mais totalement et une fois pour toutes. Certains chrétiens peuvent croire qu’ils [les juifs] ont été déchus de cette dignité quand ils ont consenti à l’exécution du Christ ; les musulmans peuvent jurer qu’ils [les juifs] ont altéré le texte des Écritures, perdant de ce fait leur mission prophétique ; les athées peuvent penser que tout cela est une construction idéologique réalisée pour camoufler un projet de pouvoir. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Ce sont des opinions humaines, variables comme le vent. Si vous croyez en la Bible, il n’y a pas d’autre solution que d’admettre que si les juifs étaient le peuple prophétique avant-hier, ils le seront encore après-demain. “Parce que Je suis le Seigneur je parlerai, et la parole que Je dirai s’accomplira” (Ez 12, 25).

S’il en est ainsi, l’avènement de la révélation chrétienne ne modifie en rien la situation. Le baptême chrétien vous rachète du péché originel, mais ne vous transforme pas automatiquement en prophète. Et même l’état de grâce, auquel vous avez accès par les sacrements, ne dure que jusqu’au péché suivant, que vous ne manquerez pas de commettre à la première opportunité. La corde du salut chrétien est lancée par les cieux à chaque individu séparément, à divers moments de son existence, jusqu’à ce qu’il apprenne à la saisir ou à l’abandonner définitivement. C’est un bénéfice personnel, temporaire et conditionnel. Tandis que la condition de peuple prophétique fut donnée aux juifs collectivement, définitivement et inconditionnellement. Eux-mêmes ne peuvent pas la révoquer. S’ils pèchent, s’ils abandonnent le chemin, s’ils renient Dieu lui-même, cela ne change en rien leur statut éternel. Comme le prophète Jonas, qui fuit sa mission, ils sont perpétuellement ramenés au devoir, que ce soit au moyen des supplications et avertissements des Sages, que ce soit par la dure expérience des revers, défaites et persécutions. La prophétie est le plus lourd des fardeaux, et il ne faut pas s’étonner que le peuple qui le porte fléchisse sous le poids des souffrances.

Ces deux constatations suffisent pour que le lecteur intelligent conclue que christianisme et judaïsme ne sont pas des espèces du même genre, n’occupent pas la même place dans l’économie du salut, ne remplissent pas la même fonction dans le plan divin et, malgré cela, ne sont nullement en concurrence. Chocs, hostilités et récriminations, outre le fait qu’ils n’ont pas été aussi constants que l’imagine la fantaisie contemporaine – l’Église a toujours eu ses judaïsants en dispute avec les antijuifs, et du côté juif, on trouve de tout, depuis l’antichristianisme rigide d’un Maïmonide jusqu’à l’ouverture fraternelle d’un Franz Rosenzweig -, ne sont apparus qu’à cause de l’extrême difficulté d’articuler l’hétérogénéité métaphysique des deux religions avec l’homogénéité physique de leurs incarnations historiques respectives ; car, aussi bien Israël que la chrétienté sont des communautés d’hommes qui, en tant que tels, entrent en concurrence avec d’autres hommes pour la conquête d’objectifs humains – politiques, économiques, culturels, etc. Comment deux religions peuvent-elles être intrinsèquement vraies quand elles semblent diverger sur tant de points ? – C’est un problème que seuls pourront résoudre les instruments intellectuels minimaux et indispensables qui s’élaborent progressivement depuis une époque très récente de l’histoire. De Leibniz à Eric Voegelin, en passant par les comparatistes du XIXe siècle, par la “science des religions” des deux Otto (Walter et Rudolf), par le mémorable dialogue Rosenzweig-Rosenstock, et par “l’unité transcendante des religions” de Frithjof Schuon, la quantité d’intelligence qui y a été investie est incalculable, et les résultats sont loin d’être satisfaisants. Mais un de ces résultats, au moins, peut être considéré comme définitif : la religion est un mystère, et l’existence de religions différentes est un mystère encore plus grand. Il a suffi que la science rassemble les pièces disponibles, et la conclusion s’est imposée instantanément : personne n’a la solution de cette énigme. C’est justement la conscience de ce fait qui nous fait l’obligation morale de pardonner les conflits religieux du passé et, dans la même mesure, de condamner ceux du présent. Car c’est une chose que d’attaquer avec furie la religion d’autrui quand on en est séparé par un abîme culturel infranchissable, c’en est une tout autre de faire la même chose par paresse, ou par un refus obstiné de franchir les ponts que les sages ont construits si laborieusement. Si ces ponts ne nous fournissent pas la liaison réciproque positive, mais ne font qu’ébaucher le profil des difficultés qui viendront par la suite, la simple conscience de ces difficultés devrait déjà nous pousser à regarder la religion d’autrui avec le respect intellectuel qui lui est dû, sans la diluer dans une vulgaire “tolérance démocratique”, qui méprise toutes les religions de manière égale, et sans l’étouffer dans un exclusivisme opaque qui, dans l’état actuel des connaissances, n’a plus la moindre raison d’être. C’est justement cela, et non le seul nombre surprenant des victimes – pas moins de vingt millions, au total – qui rend si laids et intolérables les mouvements idéologiques antijuifs et antichrétiens du XXe siècle. Car ce siècle fut justement celui qui avait acquis les moyens intellectuels susceptibles d’empêcher que tout cela n’arrive.

Concernant les juifs, en particulier, s’ensuit une conclusion sans appel. Si Dieu, en instituant le sacrifice de la messe, avait voulu abolir, à l’instant même, l’ancien sacrifice mosaïque, Il l’aurait fait de manière explicite et sans équivoque. S’Il ne l’a pas fait, la mission de l’Église n’annule pas celle d’Israël. À partir de là, juifs et chrétiens poursuivent leurs chemins respectifs, mystérieusement unis et séparés par l’identité de la source et par la mission différente qu’ils ont reçue d’elle. Ils n’ont pas l’obligation de se comprendre intégralement, parce que cette compréhension est au-delà des possibilités humaines. Mais ils ont l’obligation de s’aimer et de s’aider mutuellement en tout ce qui sera nécessaire au bon accomplissement de leur mission respective.

* * *

* Olavo de Carvalho est professeur de Théorie de l’État pour le cours de post-graduat en Administration publique de la PUC-PR (Pontifícia Universidade Católica du Paraná), directeur de l’Institut de philosophie du Centro Universitário da Cidade (Rio de Janeiro), écrivain, philosophe, directeur du journal électronique Mídia Sem Mascara (www.midiasemmascara.org). Il est également chroniqueur pour les journaux O Globo, Folha de São Paulo et Zero Hora, et pour les revues Bravo! et Primeira Leitura. En tant que journaliste, Olavo de Carvalho a été un défenseur intransigeant d’Israël contre le terrorisme et les attaques diffamatoires des médias internationaux.

La face cachée du mondialisme vert

Pascal Bernardin

13 de março de 2001

Tradução de Joel Nunes dos Santos e Roberto Mallet

Os visitantes deste site já conhecem o nome de Pascal Bernardin, tanto pela alusão que a ele fiz no meu artigo “Ideário do absurdo” quando pelos comentários de Charles Lagrave no link O império ecológico e o totalitarismo planetário. Agora encontrei esta conferência dele na página do Instituto Euro 92 (onde há dezenas de outras leituras importantíssimas), e não pude deixar de transcrevê-la aqui com algumas notas minhas, malgrado minha falta de tempo para traduzi-la. Se algum visitante puder fazer a tradução e enviá-la a olavo@olavodecarvalho.org, terá prestado um esplêndido serviço a todos. – O. de C.

Note de l’Institut Euro 92

Depuis la fin du communisme, le socialisme bat en retraite en concédant davantage d’espace à des mécanismes laissant une plus grande marge de liberté aux comportements individuels. Mais la menace n’a pas disparu. S’il n’est plus question de grandes lois historiques qui feraient du Prolétariat l’instrument et le véhicule du Progrès, c’est l’Ecologie – plus précisément les élites scientifiques et écologiques qui se sont auto-désignées comme les messies des temps nouveaux – qui entend imposer ses objectifs comme éléments régulateurs de la liberté des individus. Dans le texte qui suit, Pascal Bernardin, auteur de “l’Empire écologique” montre comment le problème de la gestion des “biens communs” est aujourd’hui utilisé comme alibi pour réécrire complètement les règles de la justice et de la morale, tout en prétendant rester dans le droit chemin d’une critique libérale. Ce texte est la transcription d’une conférence prononcée à l’Institut Euro 92 le 14 Avril 1999.

La face cachée du mondialisme vert

Permettez-moi, tout d’abord, de me présenter. Je suis polytechnicien et docteur en informatique. J’enseigne l’informatique fondamentale, c’est à dire les mathématiques de l’informatique à l’Université d’Aix-Marseille III.

Je le précise parce que je serai amené à parler de questions scientifiques maintes fois débattues, en particulier la question de l’effet de serre.

Je suis venu vous parler de mon ouvrage intitulé L’Empire Ecologique, paru en décembre 98 et qui traite de l’écologie dans ses principales dimensions, à l’exception notoires des aspects juridiques et éducatifs.

Au cours de cette conférence, je vais vous montrer comment et dans quel but la politique et les thèmes écologiques s’articulent avec les deux phénomènes politiques majeurs de la dernière décennie et de la fin du siècle, à savoir la perestroïka et l’émergence du nouvel ordre mondial.

Les questions écologiques sont des questions fondamentales qui touchent à tous les domaines: domaine économique, politique, constitutionnel, financier, voire éthique et religieux. Il s’agit donc pour moi d’une question véritablement centrale, qui reprend certaines idées libérales mais qui déborde très au-delà de ce seul cadre.

Tout d’abord, dans la première partie de cette intervention, je vais vous parler des objectifs soutenus par les élites post-communistes qui sont restées en place malgré la disparition du communisme et l’effondrement du mur de Berlin, et qui se retrouvent aujourd’hui intégrées dans l’ensemble des élites dites mondialistes, en place au coeur des institutions internationales. Vous noterez la différence entre mondialismeet mondialisation. Je conserve le terme de mondialisme pour décrire l’émergence de forces politiques au niveau mondial. Je réserve le terme de mondialisation pour l’émergence d’un marché global et d’institutions économiques et financières globales.

La situation politique du dernier quart de ce siècle a été marquée par la chute du mur de Berlin, et simultanément par l’instauration d’un “Nouvel ordre mondial” voulu par le président Georges Bush. J’estime que l’analyse de ces deux phénomènes est restée très incomplète. En effet, aucune explication réelle du phénomène de la perestroïka n’a été donnée. Par ailleurs, les objectifs précis de la mondialisation et du mondialisme sont restés très flous. Autrement dit, nous sommes à l’heure actuel dans un vide conceptuel absolu; vide qui touche aux deux éléments principaux de la vie politique mondiale de cette fin de siècle. Ce sont ces éléments que je vais mettre en lumière, en prenant comme fil conducteur l’écologie.

En ce qui concerne le mondialisme, je m’appuierai exclusivement sur les textes officiels des institutions internationales – et ils sont extrêmement nombreux -, commeOur Global Neighbourhood (1995 – Oxford University Press), un rapport de la Commission sur la gouvernance globale (Commission on Global Governance). C’est une commission mise en place sous l’égide de l’ONU qui comprenait des gens éminents et de très haut rang, en particulier Jacques Delors, à ce moment là Président de la Commission européenne.

Par ailleurs, nous nous référerons Ethics and Spirituals Values, rapport rédigé par la Banque mondiale, centré sur les valeurs éthiques et spirituelles pour un développement durable; c’est à dire pour un développement écologiquement sain, ou tout du moins prétendu tel.

Enfin, et non des moindres, un document issu de la conférence de Copenhague, organisée par les Nations unies (Sommet mondial pour le développement social, du 6 au 12 mars 1995), qui s’intitule Les Dimensions Ethiques et Spirituelles du Développement Social .

Pour les références à la perestroïka, je m’appuie également sur des documents publics, qui n’ont pas la même autorité puisqu’ils n’ont pas l’estampille des Nations unies, mais écrits par Gorbatchev et Chevernadze entre autres.

De la perestroïka à l’écologie

Alors d’abord qu’est ce que la perestroïka? Contrairement à ce que les médias veulent bien nous dire, c’est autre chose que l’écroulement du mur de Berlin sous une poussée démocratique irrépressible. La perestroïka est en réalité un mouvement qui a été planifié dès la fin des années 1950. Sa description nous vient d’un certain Golitsyne, officier supérieur du KGB, passé à l’Ouest à la fin des années 1960. Nous retrouvons ses écrits dans des rapports qui étaient destinés aux Services secrets, mais aussi dans un ouvrage public paru avant 1985 et l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev. Que dit-il? Que la perestroïka est un processus socialiste révolutionnaire qui s’inspire de la nouvelle politique économique de Lénine; qu’il est destiné à restructurer (perestroïka signifie restructuration) le socialisme en URSS, et non l’éradiquer. Surtout, il s’agit de restructurer l’image que les Occidentaux peuvent avoir du socialisme en général.

Tout en écartant radicalement la thèse d’un complot mondial, ma conviction est que c’est l’ensemble des thèmes révolutionnaires contenus dans la perestroïka que l’on retrouve au cœur de la politique écologique qui se met en place à l’heure actuelle. Il n’y a pas de hasard. On se rappellera que Gorbatchev, dans ses écrits, dit explicitement que l’écologie est un véhicule révolutionnaire. Aujourd’hui, Gorbatchev est le Président de la Croix verte internationale.

Parlons maintenant des objectifs du pouvoir mondialiste. Ce pouvoir cherche à l’évidence à tirer parti à la fois de l’expérience démocratique et libérale – les références aux éléments libéraux sont nombreuses, mais en les considérant dans un cadre qui n’a en réalité pas grand chose à voir avec le libéralisme – afin d’en faire une synthèse guidée par un objectif en vérité collectiviste. Ce pouvoir part du principe – libéral! – que toute coercition est vouée à l’échec, et que les méthodes non coercitives, et qui laissent aux gouvernés l’illusion de la liberté, sont celles qui doivent être utilisées pour arriver au but cherché.

L’idée de refuser la coercition pour ne faire appel qu’au sentiment de liberté est une idée fondamentale utilisée par un grand nombre de penseurs. Je pense par exemple à Antonio Gramsci, le révolutionnaire du début du siècle, qui a toujours considéré que la politique stalinienne était une erreur, et qu’elle ne pouvait mener qu’à l’échec de la Révolution, tout simplement parce qu’il fallait d’abord procéder à une révolution culturelle – une révolution de la superstructure idéologique – pour ensuite réussir à mener cette révolution dans l’infrastructure. Ceci est l’exemple typique d’une idée non coercitive, que j’appellerai aussi non aversive (pour reprendre une certaine terminologie de psychologie sociale), dont le but est de viser en priorité la culture avant de chercher à modifier la strate économique.

D’autres courants d’idées développent la même approche: comme par exemple B. Skinner, le fondateur d’une école de psychologie – le Behaviorisme – qui énonce en substance que l’homme est une machine à laquelle il suffit de donner les bons stimuli pour en obtenir les bonnes réponses. Skinner dit également, de manière encore plus explicite, que la contrainte est inutile: mais par contre que les renforcements non aversifs – c’est à dire les récompenses – sont toujours extrêmement utiles pour modifier le comportement des individus. Les renforcements aversifs, eux, provoquent l’opposition et la crispation des individus et de la société, et sont par conséquent voués à l’échec.

Une application des théories du contrôle

D’autres travaux de psychologie sociale s’appliquent à développer cette approche. Je pense à la psychologie de l’engagement, une théorie psychologie selon laquelle on modifie efficacement les comportements, et par conséquent les valeurs, en amenant les gens à s’engager (au sens du management), et donc en s’interdisant par cela toute pratique aversive.

Nous voyons ainsi apparaître une différence fondamentale entre pouvoir et contrôle. L’exercice du pouvoir est la technique traditionnellement adoptée dans tous les Etats de la planète. Elle a pour principal défaut de se heurter à la révolte latente des individus qui lui sont soumis. L’exercice du contrôle est une technique toute différente qui consiste à placer les gens dans un cadre tel qu’ils auront un sentiment de liberté, voire de grande liberté, alors que cette liberté sera en réalité étroitement canalisée dans un cadre fixé par les gouvernants. Cette opposition entre contrôle et pouvoir permet d’assurer la synthèse de nombreux travaux, et de comprendre ce qui est en train de se passer tant en Occident que dans l’ancien bloc communiste.

Les idées qui président autant à la perestroïka qu’à l’instauration du Nouvel ordre mondial sont une application des théories du contrôle. Elles visent à modifier les cadres qui organisent nos actions dans tous les domaines. Ces cadres sont nombreux: cadres religieux – les principaux cadres mentaux sont fournis par la religion -, cadres éthiques – cités dans les documents sus mentionnés -, cadres idéologiques. Plus généralement, il s’agit de réorganiser la culture et les objectifs de notre société par rapport à un “but supra-ordonné” – c’est à dire un but final de la société autour duquel tous les autres buts s’ordonnent.

Nous voici donc confrontés, pour nos problèmes écologiques, à un ennemi, qui n’est plus communiste, mais collectiviste. L’ennemi toujours socialiste est toujours vivant, et, quoiqu’il se soit immergé dans dans la culture libérale, il poursuit toujours la vieille idée de réaliser la synthèse du “socialisme de marché”, mais par d’autres moyens.

Une description plus scientifique de la logique de ce mouvement révolutionnaire s’articule autour de la théorie des systèmes et de la théorie du chaos. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces concepts, je vais vous décrire la théorie du chaos à partir d’un exemple très simple. Si l’on place une cigarette au milieu de cette pièce, la fumée la remplira très rapidement . Pourtant la fumée vient quasiment d’un seul point, le bout de la cigarette, et cinq minutes plus tard, ces particules de fumée rempliront toute la pièce. Cet exemple signifie que des particules de fumée, qui sont initialement dans des positions très proches, peuvent au bout d’un temps relativement court se retrouver dans des positions extrêmement éloignées, voire totalement antagonistes. La caractéristique d’un système qui se trouve dans une situation de chaos est qu’il peut évoluer dans des directions radicalement opposées.

D’un point de vue constructiviste – c’est à dire du point de vue d’individus qui veulent agir sur la société pour la mener vers un état donné – cette expérience signifie que si l’on peut choisir une particule de fumée, et si l’on connait précisément l’évolution des particules de fumée, on peut choisir celle qui se retrouvera dans tel coin, là où l’on souhaiterait qu’elle arrive. Si une particule ne se trouve pas là où je désire l’amener, il suffit de la déplacer très légèrement dès le départ – aux conditions initiales, comme disent les scientifiques – pour qu’elle finisse là où je désire qu’elle soit. La caractéristique d’une situation de chaos serait ainsi de permettre de modifier radicalement l’évolution future, tout en n’apportant que de légères modifications à la situation initiale. Pour user d’un langage plus abstrait, on dira qu’une situation chaotique se contrôle avec des forces très faibles, comme le déplacement quasiment infinitésimal des particules de fumée de la mauvaise à la bonne position initiale.

Si l’on transpose cette approche au domaine social, au domaine économique ou au domaine politique, les conséquences sont bien évidemment immenses.

Selon la théorie des systèmes, si vous vous voulez modifier la trajectoire de la particule de fumée, vous qui êtes en dehors de ce système, vous devez faire partie d’un système d’ordre supérieur. Nous devons donc imaginer que le sous-système inférieur, la fumée, est soumis à un système d’ordre supérieur – par exemple l’expérimentateur; celui-ci pouvant être lui-même soumis à un autre système, disons par exemple un système juridique conditionné lui aussi par sa dépendance à l’égard d’un quatrième système d’un ordre encore supérieur, comme le système législatif, et ainsi de suite. Nous avons donc une hiérarchie de systèmes où chacun d’entre eux peut intervenir sur le système de rang immédiatement inférieur grâce à des forces très faibles. Donc le système (la fumée) peut voir ses trajectoires modifiées grâce à des forces infinitésimales, appliquées par un opérateur dont on pourra, s’il se trouve lui-même dans une situation chaotique, modifier le comportement par des forces également très faibles, le processus se répètant indéfiniment d’un niveau à l’autre. Ainsi, si nous considérons une hiérarchie systémique d’univers chaotiques, nous pouvons les manipuler avec des forces très faibles à chaque niveau.

Concilier un libéralisme apparent avec un constructivisme toujours réel.

Je ne vous décris en l’occurrence rien d’autre que les institutions de pouvoir international qui sont en train de se mettre en place, avec une hiérarchie de niveaux, d’abord mondial, puis continental, régional, national, départemental, municipal, etc.

La particularité de cette théorie des systèmes, lorsqu’elle est appliquée aux sciences sociales, est de permettre, en théorie, de concilier libéralisme – un libéralisme “apparent” – et collectivisme – mais un collectivisme bien “réel”; ce qui, du point de vue médiatique et politique, n’est bien entendu pas neutre.

Nous avons ainsi un sous-système qui est en bas, celui des acteurs économiques, dans une situation apparemment libérale; puis au-dessus, des institutions internationales, qui ne canalisent pas nécessairement l’action de ces acteurs économiques, mais modifient leurs anticipations en manipulant la monnaie, le budget, les législations ou les règles du commerce international. Nous avons alors un dirigisme réel en haut et, pour les besoins médiatiques, une apparence très suffisante de libéralisme en bas. Nous avons exactement la même chose dans le domaine politique, avec une démocratie apparente et un dirigisme, voire un totalitarisme, tout à fait réels. En bas on vote, mais le cadre dans lequel s’effectue ce vote est prédéterminé par le haut.

Je vous rappelle que le mondialisme est le mouvement qui s’identifie avec l’émergence de forces politiques mondiales, au premier rang desquelles l’ONU. Celle-ci représente une véritable force politique mondiale. Elle répond à une logique qui, pour une part, lui est interne. D’autre part, le mondialisme se donne pour objectif la création d’une nouvelle civilisation, comme on le verra dans la suite de mon exposé. Ne nous méprenons pas: nous avons besoin d’institutions internationales dans certains domaines; mais ces domaines sont en fait peu nombreux.

Après avoir exposé les méthodes, je vais maintenant vous parler des objectifs.

Le premier, tel qu’il est clairement exprimé dans tous les documents cités, est de diminuer, ou tout au moins de stabiliser la population humaine, avec des chiffres variables selon les sources. Il y a des textes qui parlent de cinq cent millions d’hommes! C’est le cas par exemple de Jacques-Yves Cousteau pour qui la population humaine ne devrait pas dépasser le demi milliard d’hommes.

Un deuxième objectif est d’imposer, grâce à l’influence des médias, mais aussi par la loi, des valeurs écologiques impliquant une modification profonde de nos valeurs. C’est ainsi que certains vont même jusqu’à envisager de créer une nouvelle religion, s’appuyant sur une nouvelle spiritualité, comme l’évoquent ouvertement certains des ouvrages auxquels j’ai fait référence.

Troisième objectif: l’égalisation mondiale des revenus. Les textes sont surabondants et totalement explicites Ils révèlent une obsession égalitariste qui tend à l’égalisation des revenus sur l’ensemble de la planète. Ce qui implique bien évidemment un contrôle de l’économie, des ressources et de la finance.

Une fois que l’on a ces objectifs bien en tête, il n’est pas difficile de comprendre que l’écologie constitue un formidable levier pour en assurer la réalisation.

Le faux procès de la couche d’ozone

J’évoquerai d’abord le trou dans la couche d’ozone, puis l’effet de serre. Et pour cela, je commencerai par la question des “buts supra-ordonnés” dont je vous ai parlé tout à l’heure.

Il s’agit d’un concept de psychologie sociale, développé par exemple dans les travaux de Mustapha Shérif. En substance, nous dit-on, deux groupes antagonistes – ou tout au moins apparemment antagonistes – ne peuvent parvenir à coopérer ou à se rapprocher que s’il existe un but susceptible de focaliser l’ensemble de leurs énergies. Ce but, qualifié de ” supra-ordonné “, doit fédérer tous les autres buts, en particulier ceux des acteurs individuels, mais aussi des Etats, des ministères, ou de toute autre organisation dirigeante. Ceci revient à réinventer le totalitarisme si l’on se rappelle que, par le passé, les “buts supra-ordonnés” ont été ceux de la race, de la classe ou d’une caste.

Alors que le trou dans la couche d’ozone n’est encore qu’un simple galop d’essai, l’effet de serre, lui, est véritablement conçu et présenté comme un “but supra-ordonné” majeur. Je pense par exemple à Al Gore lorsqu’il dit qu’il faut créer une nouvelle civilisation dont la protection de l’environnement sera le pivot.

Interrogeons-nous d’abord sur la réalité de ces phénomènes. Le trou dans la couche d’ozone, comme vous vous en rappelez sans doute, fut le symbole d’une époque où l’ouverture du journal télévisé de 20 heures se faisait fréquemment avec une image en fausses couleurs représentant l’Antarctique et le trou, cet énorme trou qui, nous disait-on, grossissait inexorablement et menaçait de recouvrir toute la planète, de nous absorber, de nous brûler, avec pour conséquence une augmentation considérable et inéluctable du nombre de cancers de la peau, des mutations génétiques incontrôlées, ou encore la destruction inévitable la bio-diversité (puisque certaines espèces y sont plus sensibles que d’autres).

Depuis lors, le souffle est retombé. Et l’on n’a plus entendu parler du trou dans la couche d’ozone depuis fort longtemps.

Que faut-il en retenir? Un entrefilet de cinq centimètres et demi sur quatre et demi, du prix Nobel de chimie Paul Crutzen, en page vingt-quatre d’un numéro du journal Le Monde: “lorsque des prévisions apocalyptiques furent avancées, y lit-on, on ne connaissait pas exactement l’ampleur de la détérioration de la couche d’ozone. Maintenant on sait que les dégâts seront très faibles. La démonstration a été faite que la couche d’ozone se détériore à un rythme fort ralenti.” C’est l’avis de nombreux autres scientifiques.

On nous a dit que ce trou serait causé par les CFC (Chloro-Fluoro-Carbone), un produit chimique qui sert notamment dans les circuits de réfrigération. Ces CFC ont été fabriqués industriellement après la seconde guerre mondiale, et leur production en masse a marqué les années 1960, l’époque du grand bon économique.

Or, la communauté scientifique connaît le trou dans la couche d’ozone – la littérature scientifique en fait foi – depuis 1929; c’est à dire au moins trente ans avant que la production intensive des CFC n’ait commencé. Ils ne peuvent donc pas être la cause du phénomène.

Mais son existence servait à merveille les desseins de certaines organisations internationales – notamment l’Organisation météorologique mondiale, toujours à la recherche de budgets plus importants pour financer ses recherches. C’est elle qui a initié la grande campage de sensibilisation des opinions publiques. Pour cela, les scientifiques qui lui apportaient leur soutien – comme Paul Crutzen, avant qu’il ne change semble-t-il d’avis – ont développé des modèles mathématiques complexes qui démontraient – nous disait-on – que les CFC rejetés par l’homme détruisaient inexorablement la couche d’ozone. Mais ces modèles étaient en réalité fondés sur des bases expérimentales extrêmement fragiles et incomplètes.

Aujourd’hui il est quasiment admis et prouvé que ces modèles étaient incapables de simuler la réalité, donc qu’ils étaient faux.

Comme je vous l’ai déjà dit, la littérature scientifique montre clairement que dès 1929, donc bien avant la production en masse des CFC, le trou dans la couche d’ozone était déjà une réalité. Il résulte d’un phénomène naturel qui existe depuis toujours et qui touche des contrées extrêmement éloignées, essentiellement le Pôle Sud. Ce qui est en cause est principalement l’activité volcanique naturelle du globe. Les volcans rejettent infiniment plus de chlore dans l’atmosphère que les CFC. Par exemple, je citerai le Mont Erebus, un volcan de l’Antarctique en éruption permanente, et qui rejette en permanence des milliers de tonnes de gaz, notamment des composés chlorés, juste à l’endroit où l’on situe le fameux trou dans la couche d’ozone.

Nous disposons donc aujourd’hui de nombreux éléments qui vont dans un sens totalement incompatibles avec la thèse des médias qui désigne l’homme comme l’auteur de ce crime écologique.

Cela dit, les conséquences économiques et politiques, elles, sont bel et bien réelles.

Il y a d’abord la création d’instances internationales chargées de contrôler l’évolution du trou, et d’inciter les Etats à arrêter ce processus destructeur. Elles sont cependant restées relativement discrète, par rapport à ce qui se passe sur l’autre front, celui de l’effet de serre.

Il y a ensuite l’effet médiatique et psychologique qui s’est traduit par l’introduction dans la conscience collective d’un sentiment nouveau: celui d’une authentique responsabilité mondiale qui impliquerait aussi bien les Russes, les Chinois, les Américains que les Européens (car, dans l’atmosphère, tous nos déchets finissent par se mélanger). Ainsi est apparue, et s’est imposée l’idée que l’on était bel et bien en face d’un véritable problème commun, qu’il fallait nécessairement gérer en commun.

Un sentiment d’interdépendance s’est ainsi créé qui conduit les opinions publiques à considérer que leur sort est désormais lié aux rejets de CFC qui souillent l’autre côté de la planète. Refuser de l’admettre vous désigne automatiquement comme complice d’une entreprise de destruction de la planète. Se diffuse ainsi un sentiment d’allégeance, non plus à une communauté locale, nationale, voire européenne, mais à une communauté mondiale. Ce facteur psychologique représente un fait politique de première grandeur.

L’imposture de l’effet de serre

Maintenant, parlons de l’effet de serre. Il résulte, nous dit-on, du réchauffement dû au gaz carbonique rejeté dans l’atmosphère par la combustion du bois, du gaz naturel ou du pétrole. Cette menace est terrifiante puisqu’il devrait en résulter une élévation de la température terrestre moyenne comprise entre deux et cinq degrés. Le niveau des mers pourrait monter de plusieurs dizaines de centimètres. Les maladies tropicales remonteraient jusque chez nous et le cycle de l’eau potable dans son ensemble serait totalement perturbé.

Il s’agirait donc d’un problème vraiment global, touchant l’ensemble de la planète, puisque toute activité humaine implique une production d’énergie, donc des rejets de gaz carbonique. C’est un problème économique global qui touche toute la société, dans la moindre de ses activités, telle se chauffer ou se déplacer. Tout le domaine social, politique et institutionnel sera donc fatalement concerné. Même l’éthique parce que, compte tenu du danger infini que fait courir cette menace à l’ensemble de la planète, il faudra, nous dit-on, modifier tout notre système de valeurs, y compris les valeurs spirituelles.

Il faudra également adapter le droit international, modifier aussi tout le système éducatif.

On est donc en présence d’un phénomène “systémique”, quasiment à l’état pur, et qui touche à tous les domaines de liberté et d’organisation des êtres humains.

La Commission trilatérale, dont les membres représentent à eux seuls à peu près soixante pour cent des forces économiques de la planète, évoque clairement l’objectif d’une réduction de la consommation d’énergie dans les pays développés comprise entre 20 et 60 %. Je vous laisse imaginer ce que cela signifie en terme économique.

Que faut-il en penser, du point de vue scientifique? Deux écoles s’affrontent. La première, l’école des libéraux, soutenus par des savants américains de renom, parle explicitement d’imposture. La deuxième école est celle des révolutionnaires qui, depuis la fin des années soixante, ne cessent d’annoncer une catastrophe imminente. Pour eux, il est incontestable que la température a déjà commencé à augmenter; et même que le niveau des mers subit déjà un phénomène d’élévation sensible. En réalité, ceux qui parlent ainsi se fondent encore une fois sur des modèles très incomplets, approximatifs, et donc complètement faux, de l’avis même des savants les plus rigoureux et les plus objectifs.

Toutes les prévisions déduites de ces modèles se sont jusqu’ici toujours révélées inexactes, très éloignées de la réalité. La plus belle preuve de leur erreur réside dans leur incapacité à donner une simulation acceptable des évolutions climatiques du passé. Les équations qu’ils utilisent sont très simplifiées. Notamment, elles n’intègrent pas les phénomènes d’ondes planétaires, qui jouent dans ce domaine un rôle important.

Des travaux plus rigoureux, et qui ne s’appuient pas uniquement sur des modèles de simulation mathématiques, suggèrent qu’il y a effectivement une certaine augmentation de la température dûe au gaz carbonique. Ils ne nient pas que les rejets humains puissent exercer une influence sur l’évolution des climats. Mais ils montrent que cette influence est extrêmement faible – de l’ordre de 0,5 degré seulement -, qu’elle est donc à la limite de l’indécelable, et qu’elle ne représente en fait pas grand chose par rapport aux fluctuations climatiques naturelles que l’on enregistre par delà les siècles.

Nous ne devons pas oublier que le climat est un élément qui varie en permanence. Par ailleurs, un demi-degré de réchauffement serait plutôt une bonne chose car l’augmentation de la concentration en gaz carbonique qui le provoquerait bénéficierait plus qu’elle ne nuirait à la croissance des plantes, donc à l’agriculture, aux forêts, et plus généralement à la vie – puisque celle-ci se fonde d’abord sur le phénomène de photosynthèse.

Il est peut-être possible d’identifier quelques effets secondaires négatifs bien insignifiants; mais fondamentalement les écologistes ne convainquent qu’eux-mêmes, et ceux qui ont envie d’être convaincus.

En fait, l’effet de serre est principalement imputable aux modifications de l’activité solaire, le soleil étant le principal vecteur d’influence sur le climat. Les scientifiques observent cette influence depuis une cinquantaine d’années. Même si nous n’en comprenons pas encore tous les mécanismes, c’est un phénomène qui est de mieux en mieux connu. Par ailleurs, il est bien connu également que des éléments contingents, comme la modulation du rayonnement galactique, exercent une influence sur l’évolution de la couverture nuageuse et ainsi modifient la manière dont une partie des rayons solaires est renvoyée vers l’espace.

Alors qu’en dire, sinon que ce à quoi nous avons affaire n’est qu’une grosse “escroquerie”. La majorité des savants s’efforcent de résister à cette double imposture médiatique et politique (parce que les hommes politiques, s’ils le voulaient vraiment, auraient tous les éléments à leur disposition pour savoir ce qu’il en est véritablement).

Le principe de précaution, retour à la pensée magique

Les conséquences de cette imposture sont gigantesques car elles touchent à tous les domaines, qu’ils soient économiques, éthiques et spirituels. Il faut donc bien comprendre ce qui est en cause. Notamment tout ce qui découle de la mise en pratique de ce fameux “principe de précaution” auquel tout le monde se réfère aujourd’hui de plus en plus ouvertement.

Ce principe dit en substance que toute action doit être interdite dont il n’est pas prouvé de manière certaine qu’elle n’entraînera pas d’effets négatifs.

Fait essentiel, ce principe de précaution se trouve d’ores et déjà, de facto, intégré dans le droit, tant dans le droit international que dans le droit français. Il ne s’agit pas seulement d’une lubie d’intellectuels. Mais d’un instrument extrêmement puissant qui nous replonge directement dans l’univers de la pensée magique. En effet, si on le suit à la lettre il en découle que dès que quiconque envisage un danger, aussi imaginaire soit-il, se crée une règle de droit qui nous interdit tout ce qui pourrait concrétiser ce danger (imaginaire) et nous enjoint ce qui pourrait l’écourter. Ainsi, si un écologiste prétend, de manière convaincante (mais purement rhétorique) que brûler du pétrole augmente la température de l’atmosphère, même si personne en fait n’en sait rien, et s’il n’en existe aucune preuve scientifique, il résulte du principe de précaution que cette assertion devient ipso facto vraie du point de vue du droit, et entraîne des effets juridiques. (1)

L’aboutissement d’une telle approche est, logiquement, de conduire à l’arrêt de toute activité économique, et de toute activité tout court! Concrètement, il s’agit seulement de limiter l’activité économique des pays développés, de manière, nous dit-on, à favoriser le rattrapage des pays sous-développés. Je suis bien entendu favorable au développement des pays sous-développés, mais pourquoi freiner le développement des autres?

Pour terminer, je voudrais revenir sur les objectifs du mouvement mondialiste et évoquer un instant un texte extraordinaire. Il s’agit du Report From The Iron Mountain(1967, trad. française de 1984 sous le titre La Paix Indésirable?– rapport sur l’utilité des guerres ). (2) Son sujet: l’utilité économique des guerres. Plus exactement, dans la perspectives de la convergence entre le système soviétique et le système américain – donc de la disparition des guerres – comment remplacer le rôle économique que remplissait le système militaro-économique par quelque chose d’autre?

Sur bien des aspects, c’est un rapport délirant. Mais il a tout de même fait l’objet, en son temps, d’un très vif débat aux Etats Unis, auquel ont participé les plus grands intellectuels du pays. Il a notamment bénéficié d’une couverture médiatique maximale.

Parmi les solutions proposées comme substitution au système militaro-industriel figurait la création d’une menace écologique fictive qui permettrait de remplir une “mission”. Quelle mission? Dans l’esprit des auteurs, il s’agissait de trouver le moyen de conserver à l’Etat un minimum de contrôle effectif sur l’appareil économique. Autrement dit, d’utiliser la réglementation écologique pour maintenir dans les mains de l’Etat une capacité d’action économique (mais aussi psychologique) qui se substituerait à celle dont il disposait dans le passé du fait des dépenses d’armement.

Ce texte remonte aux années 1965-1967. Mais nous subissons sa postérité. Dans L’Empire Ecologique, je montre comment tout un courant, représenté aujourd’hui par le vice-président américain Al Gore, s’inspire de cette problématique.

La conséquence de tout ceci, aujourd’hui, ce sont les protocoles adoptés lors de la conférence de Kyoto: quotas de gaz carbonique, vente et revente de ces quotas… Il en résultera que la production baissera dans les pays développés et augmentera dans les pays sous-développés. On aura des délocalisations massives d’industries, de capitaux, de technologie, voire même de main d’œuvre et de compétences. Autrement dit, le point d’arrivée de toute cette manipulation scientifique, médiatique, et politique, correspond très directement à ce qu’étaient les objectifs de départ formulés dans les années 1970 par les tenants du “Nouvel ordre mondial”.

Mais tout cela se fait aujourd’hui sous le couvert d’un langage soit disant libéral, au nom du libéralisme. La caractéristique de cette nouvelle idéologie au pouvoir est de nous affirmer que, depuis la disparition du communisme, nous sommes libres de faire ce que nous voulons; mais, attention, seulement à l’intérieur de certaines limites, déterminées par le niveau de rejets de gaz carboniques acceptable! Ainsi se trouvent conciliés une certaine apparence de libéralisme, avec un constructivisme et un dirigisme tout à fait réels, puisque ce que l’on y retrouve est une approche “systémique” caractérisée où les acteurs économiques de niveau inférieur sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais dans un cadre pré-déterminé par les institutions internationales, en particulier celles qui ont en charge les questions de l’effet de serre.

L’écologie, levier d’un détournement de l’Etat de droit

Quels sont les éléments de libéralisme que ce système conserve? Le premier, psychologiquement le plus important, est l’illusion de la liberté individuelle. C’est l’héritage de tous les travaux de psychologie sociale qui ont établi de manière certaine que l’on ne peut gouverner un pays ou faire fonctionner une économie, ni en fonctionnant comme les soviétiques, ni en autorisant une trop grande autonomie des acteurs. Le système actuel intègre cette critique, puisque vous y trouvez une liberté individuelle qui est tout à fait considérable, avec une apparence de pluralisme, mais qui intègre un point qu’il n’est pas permis de remettre en cause: la question de l’effet de serre.

Vous avez donc un système complexe, auto-organisé, sans contrôle apparent, avec un ordre social spontané. Vous avez également un Etat de droit, autre élément fondamental. Donc, apparemment et du point de vue des médias, nous sommes dans un Etat de droit. Nous sommes gouvernés par des lois, et non par des hommes ou des dictateurs. Mais ces lois, règles abstraites, s’inscrivent au sein d’un cadre qui est prédéterminé par les institutions internationales, en particulier celles qui ont en charge l’effet de serre, et sont donc en mesure d’exercer une influence décisive sur toutes les activités économiques.

Nous sommes donc gouvernée par des lois. La contrainte est réduite au minimum. Nous nous sommes affranchis de tout système totalitaire pour rentrer dans quelque chose qui a les apparences d’une société de droit. Mais ce ne sont que les apparences d’une société ouverte, parce que cette société, encore une fois, s’inscrit dans un cadre qui a été pré-fixé. Il y a en quelque sorte instrumentalisation, détournement des idées libérales par le biais du caractère central donné à la gestion collective de certains “biens communs” tels l’atmosphère. La gestion de ces “biens communs” est l’alibi, le levier qui permet aujourd’hui d’aller jusqu’à réécrire complètement les règles de la justice et de la morale, tout en prétendant rester dans le droit chemin de la critique libérale. Cela permet de manipuler les valeurs ou les attitudes, de manipuler les normes sociales et la sensibilité.

A l’instar de la conception marxiste évoquée au début de mon intervention, nous avons affaire à la modification de la superstructure par la modification des règles qui s’appliquent à la société.

Cette synthèse “systémique” offre, au niveau inférieur, un semblant de société ouverte, mais avec un échelon supérieur qui s’emploie à générer des règles finalisées d’où découle une société qui n’a plus que les apparences de l’ouverture. Nous ne sommes plus dans une société ouverte. Nous n’en avons que l’ apparence. C’est une société fermée qui s’inscrit dans la logique d’une telle approche

L’objectif, j’y reviens, est rien moins que de créer une nouvelle civilisation. De manière globale, on a quelque chose qui ressemble fort à une manipulation de la conception de Dieu. (3)

Là encore, les textes des institutions internationales sont explicites. Ils nous montrent que l’écologie se résume souvent à une volonté de ramener les individus vers une conception païenne de la nature, où c’est la nature qui est la divinité. Ce qui est ainsi clairement recherché est une modification explicite de la conception de l’homme, de Dieu, de la nature, du monde … donc une modification des conceptions culturelles de fond de notre civilisation.

Notre civilisation est fondée sur une conception judéo-chrétienne de l’homme, que l’on soit chrétien, juif ou musulman. Ce paradigme – l’homme, un être voulu et conçu par Dieu -, est la base de notre droit.

Dès lors que l’on comprend que la conception de l’homme dans l’Univers est fondamentalement mise en cause – “l’homme, cet être néfaste et polluant” -, on a également compris que l’écologie vise finalement rien moins qu’au renversement de cette conception pour lui substituer la collectivité. L’homme ne vient plus qu’en second. On passe de l’homme en tant qu’individu, à l’homme comme membre de la collectivité. Le totalitarisme n’est pas mort.

Notas de Olavo de Carvalho

(1) No mesmíssimo sentido, e talvez mais fundo ainda, vai o esboço de “código penal cultural” da Unesco, que comentei em O Futuro do Pensamento Brasileiro (2a. ed., Rio, Faculdade da Cidade Editora, 1998). — O. de C.

(2) Uma análise extensiva desse documento encontra-se em The Grening. Plot for Environmental Control, de Larry H. Abraham, cujo texto integral será em breve reproduzido neste site. — O. de C.

(1) Não há de ser coincidência que um dos principais instrumentos teóricos concebidos para essa manipulação – o “princípio de precaução” – tenha sido criado logo por um cérebro como o do prof. Hans Jonas, o mais famoso historiador da gnose. Isto não só vem confirmar a tece célebre de Eric Voegelin sobre a origem gnóstica dos totalitarismos modernos, mas enfatizar a necessidade urgente de uma compreensão mais clara do fenômeno gnóstico, compreensão à qual nada contribui o alarmismo delirante de certos católicos ultraconservadores que, numa verdadeira “lógica dos gatos pardos”, como diria Ortega y Gasset, distribuem o rótulo de gnose (no sentido estrito de Hans Jonas) a tudo quanto lhes pareça estranho, temível ou heterodoxo, incluindo as manifestações mais ortodoxas da mística islâmica e judaica. Voltarei a este assunto. — O. de C.

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